A quelques jours de la sortie de son second album, la chanteuse de metal japonais, IBUKI, nous a accordé un peu de son temps pour sa toute première interview française !
KRM - Bonjour IBUKI ! Vous évoluez dans le milieu de la musique depuis 2008. Comment et pourquoi avoir choisi d’y faire carrière ? Et pourquoi dans le métal ? IBUKI - Bonjour ! C’est IBUKI ! J’ai commencé à composer quand j’étais à l’école élémentaire, par envie. Initialement, je rêvais de devenir compositrice. Mais quand j’ai pu rencontrer un compositeur et échanger avec lui, il m’a dit qu’en tant que compositrice, je ne pourrai pas composer librement mes morceaux. Alors je lui ai demandé comment faire pour faire mes propres chansons et les montrer au monde. Il m’a répondu que je n’avais pas d’autres choix que de devenir une artiste. J’ai alors décidé d’en faire mon métier. De devenir une artiste. Je suis rentrée dans le monde du métal quand un groupe m’a proposé de devenir chanteuse. C’était une pure coïncidence... A l’époque, je ne connais- sais rien du métal ! Et même maintenant, parfois, je me demande ce qui m’a conduit à devenir une chanteuse de métal !
KRM - Avant de débuter votre carrière solo en 2017, vous avez fait partie de plusieurs groupes. Qu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer seule ? Et quels sont les avantages et les inconvénients aux deux situations ? IBUKI - A l’origine, je souhaitais être en solo. Je voulais faire de la musique librement sans être lié par quoi que ce soit. J’ai, enfin, pu me lancer en solo quand après mon départ du groupe, mon label, A-Line Music, m’a demandé pourquoi je ne me lancerais pas seule. Être dans un groupe est quelque chose de super, de vivant et d’amusant ! Cependant, quand 4 ou 5 personnes travaillent ensemble, les relations humaines peuvent devenir difficiles. Et il peut y avoir des différences de capacités techniques qui ne permettent plus d’atteindre la qualité recherchée. A l’inverse, travailler seul dépend uniquement de nous-même et de nos compétences. Des musiciens avec de grandes qualités peuvent être appelés en soutien, ce qui permet de s’améliorer encore plus. Et il n’y pas le stress des relations humaines. Néanmoins, c’est un combat que l’on mène seul car nous portons toutes les responsabilités. Je crois que travailler en solo demande plus de qualités, à la fois techniques et mentales.
KRM - Aujourd’hui, en même temps que vos propres activités, vous continuez à apporter votre soutien pour certains groupes et avez également lancé le projet NATSUMETAL en 2019. On pourrait croire que vous avez toujours besoin de faire plein de choses. Comment arrivez-vous à gérer l’ensemble de vos activités ? Est- ce que, s’il en manquait une, vous vous sentiriez incomplète ? IBUKI - En tant que chanteuse solo, j’ai eu la chance d’être invitée dans divers projets et impliquées dans différentes activités. J’en suis tellement reconnaissante ! Faire plein de choses peut être intimidant, mais cela ne demande pas de management particulier. La seule chose que j’ai à faire c’est “être consciencieuse dans chaque activité et chanter correctement”. Et, même si l’une d’entre elles venaient à manquer, je ne le sentirais pas. L’accumulation de chacune de mes expériences a fait de moi ce que je suis aujourd’hui.
KRM - Votre nom, IBUKI, a réussi au fil des années à se faire une renommée dans l’univers du métal japonais. Votre qualité de chant couplée à vos 4 octaves vous ont donné une signature propre au travers de chansons puissantes et envoûtantes. Comment avez vous su mettre à profit cette capacité vocale ? IBUKI - Aussi bien quand je chantais au karaoke plus petit, ou quand j’étais étudiante, j’ai toujours pu atteindre des notes aiguës. Je ne fais donc pas d’efforts particuliers pour les atteindre. Dans un sens, c’est quelque chose de naturel pour moi. Ça l’est tellement que, honnêtement, je ne trouvais pas ça si spécial, si important. “Je monte dans les aiguës car la chanson que je crée en a besoin...”, voilà ce que je me disais. Mais récemment, cette année, quand je me suis retrouvée face à mes morceaux, j’ai finalement réalisé l’importance de ma voix. C’était quand je composais “MUGENZOU”, et c’est à ce moment là que j’ai vraiment appris à utiliser mes compétences vocales.
KRM - Vous avez sorti votre premier album, “ExMyself” en 2017. Depuis, deux singles ont été réalisés : “HIGH TENSION” en 2018, et “MUGENZOU” en 2021. Aujourd’hui, vous êtes en train de préparer votre second album. Trois ans se sont donc écoulés. Ces trois ans de “pause solo” étaient-ils voulus, ou sont-ils une conséquence de la crise sanitaire ? Ou au contraire, vous ont-ils servi à vous concentrer sur autre chose ? IBUKI - Travailler dans la musique n’est pas que joie et amusement ! “J’aime la musique !”... J’ai débuté dans ce monde avec cette phrase en tête. Mais des sentiments négatifs et douloureux ont mis à mal mon amour de la musique. Peut-être étais-je fatiguée de chanter. En tous les cas, je n’étais pas dans une mentalité positive. “Je veux chanter ! Je veux faire une chanson !”, ce n’est pas ce que je res- sentais. Cependant, avec le recul... Je pense qu’il y a encore des chansons que je veux partager au monde et de la musique que je veux transmettre. Je veux partager ma musique avec tout le monde jusqu’à ce que ma passion s’éteigne.
KRM - Abordons à présent votre prochaine sortie : “Storm of Emotions” qui sortira au Japon le 17 novembre prochain. Il se compose de sept chansons, dont votre précédent single “MUGENZOU”. Comment s’est déroulé la composition et la préparation de cet album ? N’était-ce pas compliqué avec la crise sanitaire ? IBUKI - Pour être honnête, le coronavirus n’a eu aucun impact sur moi. Ma méthode de composition ne nécessite que des échanges de données. Et c’est, je pense, l’une des forces de travailler seule. Si quelque chose arrive... Il ne nous a fallu que deux mois pour produire l’album. Le plus difficile a été d’écrire les chansons, les arranger et les enregistrer. D’habitude, j’écris les chansons toute seule, mais cette fois-ci cela a été plus compliqué et j’ai ressenti pour la première fois le besoin de demander à quelqu’un.
KRM - Quand on écoute attentive- ment votre nouvel album, on se rend compte que vous surfez entre des influences purement métals, et des influences plus symphoniques. Comment décririez-vous cet album ? Vous représente t’il mieux que “ExMyself” ? IBUKI - Ce nouvel album me représente beaucoup plus que “ExMyself”. Les paroles ainsi que les mélodies ont dépassé toutes mes attentes. Beaucoup de fans trouvent que c’est mon meilleur opus, et je pense que c’est ce qu’il est ! J’écoute souvent des musiques qui ne sont pas du métal, comme la J-Pop des années 90 ou encore des bandes originales. J’aime la bonne musique qu’importe son genre. Donc je crois que ma musique est un son hybride et non pas du pur métal. Cela représente bien IBUKI. Mais j’ai aussi le désir de pouvoir faire du vrai métal. Il y a donc des chances que je fasse des chansons totalement métal dans le futur. Je suis impatiente de connaître ma prochaine évolution, de voir comment ma musicalité va changer dans le futur et de voir à quoi va ressembler mon prochain opus.
KRM - Paradoxalement, vous décidez de reprendre le titre “Mata Kimi no Koi Shiteru” qui touche plus au registre de l’Enka. Êtes vous, vous- même, fan de ce genre musical ? Pouvez-vous nous expliquer pourquoi interpréter ce morceau en particulier ? A t’il une signification particulière pour vous ? IBUKI - Oui, j’aime l’Enka. J’aime la musique au-delà de son genre, mais pour moi l’Enka est spécial. Il exprime des émotions et un chant uniques au Japon. Ce morceau est la première reprise que je fais en tant qu’artiste solo. Et je voulais faire quelque chose d’inattendu parce que c’était un beau challenge ! C’est pourquoi j’ai décidé de reprendre cette chanson. Mais l’Enka est difficile. Par ailleurs, “Mata Kimi no Koishiteru”, de Fuyumi Sakamoto, est une chanson connue. Je devais donc réussir à exprimer quelque chose d’unique. C’était un vrai challenge personnel que de réussir à dépasser les genres musicaux.
KRM - Au regard de l’ensemble de cette nouvelle sortie, quel serait pour vous le morceau qu’il faudrait écouter pour vous découvrir et pourquoi ? IBUKI - Bien sûr, j’aimerais que vous écoutiez toutes les nouvelles chansons présentes sur l’album, mais je me permets de vous recommander “MUGENZOU”, qui est sorti en single. Jusqu’à présent je n’avais jamais inclus un single dans un album. Mais cette fois-ci je souhaitais que beaucoup de personnes puissent découvrir “MUGENZOU”. Alors je l’ai ajouté à l’album ! Ce morceau est indéniablement sa pièce maîtresse. Quand vous écoutez cette chanson, vous comprenez tout de suite qui est “IBUKI” et vous pouvez ressentir tout le potentiel d’une chanteuse de métal. Si vous voulez découvrir une autre chanson, écoutez “Mata Kimi no Koishiteru”. Je crois qu’on peut facilement y identifier le timbre de voix spécifique à IBUKI. Bien sûr, utiliser une tonalité aiguë est une technique parmi d’autres, mais cette chanson nécessite, avant tout, une forte capacité de chant. Et cela m’a permis de travailler de manière totalement différente. Je crois que j’ai enregistré l’une de mes meilleures chansons ! C’est un morceau qui dépasse les frontières de genre, et qui, mixé avec mon univers et mes sentiments, demande à ce que l’on y prête attention.
KRM - “Storm of Emotion” sera produit en édition européenne au mois de décembre. Après “ExMy- self” en 2020, ce sera votre deuxième opus produit en Europe. Avez-vous un attachement particulier pour vos fans européens ?
IBUKI - La première fois que je suis venue en Europe, c’était il y a quelques années déjà en tant que chanteuse de soutien pour le groupe FATE GEAT lors du METAL MATSURI. Durant le fan meeting, il y a eu tellement de fans qui m’ont demandé des autographes sur les CD que j’avais déjà sorti ! J’étais tellement heureuse de voir que j’avais des fans dans un pays étranger ! Par ailleurs, les rues d’Europe sont vraiment belles et agréables. J’ai été totalement conquise par l’Europe. J’ai même le rêve de pouvoir y habiter un jour. Même pendant un petit laps de temps. L’Europe est vraiment un endroit spécial pour moi !
KRM - Vous avez déjà eu la chance de vous produire en Europe. Pouvez-vous nous raconter le souvenir le plus marquant de vos prestations ici ? IBUKI - Quand j’ai joué avec FATE GEAR pendant le METAL MATSURI, il y avait vraiment beaucoup de monde. Et j’ai été tellement surprise que je me suis dis “il y a tellement de fans de métal japonais !” ! J’étais présente en tant que chanteuse de soutien pour le groupe. Et tous leurs morceaux nécessitent des notes aiguës et m’ont permis de prendre conscience de mes qualités. Depuis, je pense que je serais capable de performer seule en Europe !
KRM - Si nous comprenons bien, vous produire en solo sur une scène européenne pourrait être une prochaine étape ? IBUKI - Bien sûr ! Je veux vraiment performer en Europe ! Un jour, je le ferai ! Et ce coup-ci, je rencontrerai mes fans en tant que IBUKI, chanteuse solo, plutôt qu’en soutien.
KRM - Pour conclure cette interview, avez-vous un dernier mot à adresser à vos fans français, ou à nos lecteurs qui souhaiteraient vous découvrir ? IBUKI - Le Japon et l’Europe sont des endroits éloignés l’un de l’autre. Mais nous pouvons unir nos cœurs grâce à la musique ! Je veux apporter de la musique à chacun de vous, partout dans le monde, jusqu’à ce que ma passion s’éteigne. Jusqu’à ce jour, je compte sur votre soutien ! Merci !
Rédaction : Cyrielle Pons
(c) Photos : IBUKI & A-Line
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